Mathieu, tu es le co-créateur de l’application « NextRide », tu peux nous expliquer en quoi elle consiste ?
NextRide c’est un compagnon mobile pour les transports publics, disponible pour iOS, Android et Windows Phone.
On croit vraiment aux transports publics et on est persuadés que ce serait important que plus de gens les prennent, mais que c’est encore trop inconfortable aujourd’hui parce qu’on a pas d’information… Et pour que ce soit plus confortable, il faut qu’on ai moins d’inconnues. Pour beaucoup de gens encore, prendre les transports en commun, c’est attendre dans le froid un bus qui n’arrive pas… La solution ce serait qu’on ai vraiment une sorte d’assistant qui nous accompagne sous la forme d’une application mobile. Quand on prend les transports publics, la première fois ou même une fois qu’on sort de ses habitudes, c’est super stressant. Est-ce que je suis au bon arrêt ? Est-ce que c’est le bon bus ? Est-ce que je vais dans le bon sens ? C’est vraiment à ce genre de questions que NextRide répond.
En plus des horaires, NextRide propose des itinéraires intermodaux (bus, tram, métro, et d’autres comme le train ou le vélo à venir) en porte à porte, et on affiche aussi en temps réel les perturbations des différents réseaux. On a d’autres fonctions ludiques aussi comme SmartColor : c’est un système qui change la couleur du décompte en fonction de l’heure de passage du bus et de notre position par rapport à l’arrêt. Les utilisateurs peuvent aussi mettre des rappels pour qu’on leur rappelle quand démarrer pour avoir leur bus. En cas de grève surprise ou d’incident majeur, on peut même prévenir l’entièreté de nos utilisateurs par un système de notifications push.
Pourquoi, selon toi, a-t-elle eu autant de succès ?
L’app a déjà été téléchargée plus d’un demi million de fois. On peut limite dire que l’application est devenue l’app officielle du TEC, sans vraiment l’être.
Je pense que le succès vient de plusieurs choses. La première je dirais que c’est notre équipe. On est vraiment passionnés par la mobilité et c’est quelque chose qui nous tient à coeur. On utilise tous les quatre quasi exclusivement les transports en commun pour se déplacer… et d’ailleurs j’ai toujours pas mon permis. Donc on connait les réalités de tous les jours. On sait ce qui manque vraiment pour que se déplacer soit moins compliqué, moins ennuyeux.
Après je pense que nos informations et l’aspect communautaire de l’app joue un grand rôle aussi. En fait on dispose de deux niveaux de données : d’abord les infos officielles des transporteurs, comme la STIB et le TEC, et on espère d’autres comme la SNCB bientôt. Ensuite et surtout il y a les informations de notre communauté qui rajoute tout ce que les transporteurs n’ont pas encore eu le temps de communiquer. Donc dès qu’il y a le moindre pépin, comme un arrêt déplacé ou un bouchon, la communauté le signale ce qui fait qu’on a une information très très complète.
Y’a aussi le fait qu’on soit très proche de nos utilisateurs. On anime très régulièrement notre page Facebook, et on est joignable sur plein de canaux, comme Messenger ou un système de chat instantané directement dans l’application. Ça nous permet d’être très réactif.
As-tu d’autres projets dont tu peux lever un coin de voile ?
En février, deux autres membres de NextRide, Thomas et Margaux, et moi avons décidé de nous lancer dans une nouvelle aventure. On se sentait un peu à l’étroit avec NextRide, et on est convaincus que la mobilité ne s’arrête pas aux transports publics. Donc on a démarré « nextmoov », une agence digitale axée sur la mobilité du futur. Avec nextmoov, on veut lancer d’autres projets innovants. On vient par exemple d’accompagner Modalizy, une carte de paiement pour tous les moyens de transports : les VTC, les taxis, le car sharing, et bien sûr les transports publics. On a aussi un nouveau partenariat avec Cambio, et sans en dire trop, on a également un projet qui permettra de prédire précisément les retards sur les moyens de transports en commun. On prépare plein de projets super intéressants, et les débuts de l’entreprise sont déjà prometteurs.
Comment en arrive-t-on si jeune à développer ces outils ?
En fait, je me suis retrouvé dans cette aventure complètement par hasard. J’avais installé NextRide, qui s’appelait ProchainBus à l’époque, et qui n’était dispo qu’à Liège. J’avais trouvé l’appli assez moche à l’époque, et donc j’avais redesigné l’app dans un livret relié d’une dizaine de pages que j’ai envoyé par la poste à Thomas, le fondateur de l’app, que je connaissais pas à l’époque. Une semaine plus tard, après l’avoir rencontré, je me suis retrouvé membre de l’équipe, qui n’était pas encore une startup à ce moment là. Depuis, j’ai relativisé l’école et les diplômes. C’est pas quelque chose de nécessaire pour réussir, si on s’en donne les possibilités.
Qu’est-ce qui fait, selon toi, que tu perces dans ce domaine ? Quelles sont les qualités requises pour réussir, dans le domaine des nouvelles technologies mais peut-être ailleurs ?
J’suis persévérant, déterminé et j’ai de grandes ambitions… mais je suis pas mal borné aussi.
Ce que je dis en général aux nouveaux étudiants de mon option, c’est qu’à partir du moment où tu es déterminé à réussir, que tu es courageux et volontaire, c’est bien parti. La clé dans mon domaine c’est d’avoir soif d’apprendre, et de ne jamais rester à rien faire. Je dirais qu’il faut rester au courant de toutes les nouvelles technologies du moment, et être assez autodidacte pour se débrouiller.
Quelle est ta formation ?
Alors en fait j’ai terminé mes deux dernières années de secondaires en Transition Technique Arts Graphiques à l’IATA Namur. Ensuite j’ai entamé un Bac à Albert Jacquard en section Web. Mais je suis autodidacte, donc j’ai principalement appris le design et le web tout seul de mon coté dès 13-14 ans. J’ai appris à coder d’abord, en regardant le code source des sites internet que je trouvaient intéressants. Et puis au fur et à mesure j’me suis retrouvé dans l’aspect Design des choses. À l’époque j’étais à St-Louis Namur en Science Éco… mais j’ai dû partir après avoir raté deux fois la même année. C’est là que je me suis retrouvé à l’IATA, où j’ai appris les bases du Design d’impression.
Tu as, vous avez des projets à l’international ?
Moi de mon coté, j’ai essayé de décrocher un stage aux USA et en Angleterre. Bon finalement je me suis retrouvé à Liège chez EPIC Agency, mais c’était tout autant génial. Mais j’abandonne pas l’idée de travailler en-dehors de la Belgique.
Pour NextRide par contre, on a décidé il y a deux ou trois ans que le projet serait limité à la Belgique. Avec nos resources limitées le projet serait vite devenu ingérable. Par contre on a quand même participé avec LiègeTogether à l’Exposition Universelle de Milan en 2015.
Et pour nextmoov, on ne ferme la porte à rien… On serait évidemment vraiment ravis de pouvoir exporter notre savoir-faire à l’étranger.
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